Moment de grande émotion hier matin avec Maurice Rajade qui évoquait des souvenirs qui ne l'ont jamais quitté depuis soixante ans. Maurice est une des personnalités du Marais : son entreprise est installée rue de Turenne et il a dirigé la synagogue de la place des Vosges.
Nous avons ensemble visité, à l’Hôtel-de-Ville, l'exposition de Serge Klarsfeld consacrée aux 11 000 enfants juifs morts en déportation. Et devant ces dizaines et dizaines de photographies de visages d'enfants disparus, Maurice m’a raconté son destin et celui de ses parents qui comme des milliers de Juifs furent arrêtés et déportés, souvent avec la complicité des autorités françaises.
Je ne pouvais pas m'empêcher de penser aux lamentables déclarations de Raymond Barre ("Quand on a des responsabilités essentielles dans un département, une région ou à plus forte raison dans le pays on ne démissionne pas. On démissionne lorsqu’il s’agit vraiment d’un intérêt national majeur.") bafouant la déclaration du Président de la République le 16 juillet 1995 qui reconnaissait la responsabilité de l'Etat dans Vichy. ("Oui, la folie criminelle de l'occupant a été secondée par des Français, par l'Etat français. La France, patrie des Lumières et des Droits de l'Homme, terre d'accueil et d'asile, la France, ce jour-là, accomplissait l'irréparable. Manquant à sa parole, elle livrait ses protégés à leurs bourreaux".).
Monsieur Barre n'était pas présent hier à l'Hôtel-de-Ville.
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