Rendez-vous jeudi soir au restaurant du Publicis, avenue des Champs-Elysées, avec Gérard Salomon Wasserman.
C’est à mon amie Gisèle Jacquot que je dois cette rencontre avec ce célèbre peintre installé depuis quelques années dans le sud de la France.
Après quelques minutes de présentation, Gérard me raconte son parcours atypique et son engagement exceptionnel dans les journées révolutionnaires de mai 68.
Enfant du 17e et vivant avec sa mère rue Guersant, il fréquente en 1966 le lycée Stéphane Mallarmé. Passionné par les œuvres de Federico Garcia Lorca et sympathisant de la République espagnole étranglée par les franquistes, il adhère à la branche française d’un syndicat anarchiste espagnol, la CNT.
Proche de Benny Lévy, il rejoint l’année suivante le syndicat étudiant maoïste, l’UJC ml (Union des Jeunesses Communistes marxistes-léninistes), puis la Gauche Prolétarienne (la GP) après la dissolution de l’UJC.
Il sera exclu de son lycée à la fin de l’année 1968 et travaillera quelques mois –sous un faux nom - sur les chaînes de Simca à Poissy, pour vivre à l’écoute des ouvriers, et essayer d’essaimer ses idées révolutionnaires. Démasqué, il sera licencié dans des circonstances rocambolesques.
Retour à l’école des Beaux-Arts de Paris. Imprimeur, graphiste, grand voyageur, son errance le conduira enfin à la création picturale. Il fondera l’école de l’Enigmatisme qui devient le cadre de son œuvre très prolifique depuis une dizaine d’années.
Dimanche, il réunissait à Paris – en toute discrétion – une cinquantaine d’anciens de la GP, après s'être recueilli sur la tombe de son camarade Gilles Tautin, lycéen mort à dix-sept ans, alors qu'il se rendait aux usines de Flins pour y prendre des photos. C'était le 10 juin 1968. Il y a quarante ans.
Commentaires